Opportunisme politico-économique pour faire face au chômage des seniors et au financement des retraites
Keynes nous prédisait dans les années 1920 que le principal risque de notre monde occidental était la "dépression morale". Plus près de nous André Malraux nous annonçait un 21ème siècle "religieux". Nous sommes donc entrés de plein pied dans un monde "moral".
De grands prévisionnistes n'ont pas honte de dire que la seule prévision exacte, "c'est qu'à long terme nous seronts tous décédés", autrement dit, il suffit d'attendre assez longtemps pour qu'un problème soit résolu par la disparition des combattants. C'est sans doute le principe qui est mis en oeuvre par les politiques pour régler certains des problèmes insolubles auxquels ils peuvent être confrontés. Celui de la résolution du chômage des cadres et du financement des retraites mis en oeuvre aujourd'hui est un bon éclairage de ce réalisme que d'aucuns pourraient qualifier de "cynisme ordinaire"
Il y a déjà plus de dix années, j'ai entendu un ministre de la république en exercice - et un brin provocateur - expliquer que la meilleure manière de traiter le problème insoluble du financement des retraites serait "de pratiquer l'euthanasie des retraités". C'était sans doute une manière de dire qu'il ne voyait pas de solution politiquement acceptable à l'équation réaliste du financement des retraites. La démographie étant l'une des rares sciences humaines exactes, les prévisions en la matière sont exactes - sauf survenance d'un événement majeur tel qu'une épidémie massive.
A la même époque le problème du chômage des cadres seniors était déjà lourdement d'actualité, alors même que de nombreuses entreprises continuaient d'être encouragées à pratiquer la mise en pré-retraite au même âge.
L'augmentation de la durée de cotisation conjuguée à la baisse du taux d'emploi des quinquas a été une manière élégante de résoudre en partie cette équation : une mise à la retraite plus tardive conjuguée à un montant de retraite moins élevée.
Les entreprises pouvant aujourd'hui être confrontées à une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée avec le départ en retraite des "babyboomers" encore en poste seront sans doute heureuses de pouvoir remettre temporaiement au travail ces spécialistes de plus de 45 ans dont elles ne voulaient plus depuis plus de quinze ans.
Ces derniers seront sans doute socialement heureux de retravailler, financièrement rassurés de pouvoir mettre un peu "de beurre dans leurs épinards", sécurisés de pouvoir compléter leurs droits à retraite, et les gestionnaires des régimes de retraite heureux d'équilibrer leurs comptes avec ces nouveaux cotisants - longtemps "conservés sous le coude".
Les cadres quincagénaires sont finalement une bonne variable d'ajustement - certains d'entre eux ont largement participé à la sauvegarde de l'emploi (celui des autres) en "bénéficiant" de programmes de pré-retraite, ils vont maintenant permettre de répondre à certains besoins de main-d'oeuvre qualifiée tout en contribuant à l'équilibre des régimes de retraite.
En paraphrasant Aldous Huxley ou comme l'a dit Voltaire "tout est finalement pour le mieux dans le meilleur des mondes" !
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