Les Planes et la forêt de Verneuil-sur-Seine : des richesses botaniques à préserver
Le 16 septembre, à l’appel de l’ADIV, un petit groupe a rejoint le naturaliste Serge Gadoum, vice-président du CORIF, pour une matinée-découverte des trésors de nos sous-bois et des zones humides des Planes : espaces encore préservés mais menacés par le projet du Conseil général de dévier la RD 154 à travers la forêt et les espaces naturels sensibles.
En cette journée du patrimoine, il faut souligner cette « coïncidence évidente » : le patrimoine, c’est aussi le patrimoine naturel !
Ce fut une découverte passionnante de notre écosystème local. Nous avons pu mesurer combien la santé de ces espaces dépend de l’abondance et de la variété de la vie sauvage. Les fleurs en particulier jouent un rôle vital dans le maintien de l’équilibre naturel. Les identifier, comprendre leur rôle vis-à-vis du milieu est une occupation passionnante. Sans plantes sauvages, beaucoup de micro-organismes, d’animaux, d’insectes, de petits mammifères se verraient privés de nourriture et disparaîtraient.
Nous avons compris notamment qu’il est nécessaire de préserver les espaces naturels ouverts. Dans un passé lointain, la Seine avait des crues importantes et régulières dans les secteurs compris entre les plateaux des Alluets et de l’Hautil, ce qui ouvrait de nouveaux espaces où des espèces pionnières pouvaient se développer. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Sur nos terrasse alluviales, la Seine est désormais régulée et les milieux se ferment, c’est l’intervention de l’homme qui les modifie, parfois pour le meilleur et parfois pour le pire ! Ainsi, dans la boucle de Guernes, on a commis l’erreur de replanter avec des résineux (dont les aiguilles acidifient le sol … calcaire !) qui « étouffent » les autres espèces, autochtones elles. Souvent on commet l’erreur de couvrir des sols pauvres avec une terre végétale riche : en conséquence, les espèces « nitrophiles » (se développant sur les sols riches en nitrate) prennent le pas sur les autres et c’est cette flore banale qui est favorisée au détriment d’une flore spécialisée et souvent remarquable. Il faudrait exporter une partie de cet azote pour avoir des plantes plus intéressantes. Autrement dit des milieux mal gérés n’évoluent pas dans le sens de la biodiversité : une leçon à tirer pour notre environnement proche !
Les zones humides comme celle des Planes ont fortement reculé depuis un siècle, en grande partie à cause des aménagements et de l’urbanisation sans contrôle. Entre 1960 et 2000, la moitié des zones humides françaises ont été détruites. Elles ne représentent que 3% du territoire métropolitain, mais 50% des espèces d’oiseaux et 30% des espèces végétales remarquables en dépendent.
De plus en Ile-de-France, la disparition de cultures traditionnelles comme le lin, le trèfle ou le sainfouin a entraîné la disparition ou le déclin d’insectes dont la survie en dépend.
Sur les Planes, certaines plantes sont adaptées au sol marneux avec alternance d’une période humide et d’une période sèche, le tussilage par exemple. Autre plante intéressante, l’Odontite rouge tardif : une espèce particulière d’abeille sauvage la butine exclusivement pour alimenter sa descendance.
En règle générale, l’implantation de plantes sauvages dépend de plusieurs conditions : la physico-chimie du sol, l’économie en eau liée à la géologie et enfin l’orientation. Les scientifiques appliquent une méthode rigoureuse pour inventorier les espèces sur un territoire donné. Orchis bouc, laîches ou carex, Renouée des oiseaux, centaurées, lotiers, joncs, typhas, Grande Consoude, Scabieuse, Luzerne d’Arabie, Epilobe hirsute, cirses …autant d’espèces rencontrées et décrites sur le terrain qui ont désormais pour nous une « figure » et une identité propre. A identifier de nouveau pour le plaisir et en s’aidant d’un guide de la flore sauvage !
Nous avons terminé notre randonnée dans une lande boisée, ornée de magnifiques bruyères en fleurs (Bruyère cendrée et Callune). Un type d’espace ouvert intéressant dont les gestionnaires devraient veiller à la conservation en éclaircissant légèrement ses lisières. En quittant la forêt, après avoir trouvé quelques délicieuses girolles, une Sitelle torchepot, passereau grimpeur surnommé « le télégraphe de la forêt » , nous a adressé un signe amical : à la prochaine fois !
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