Programme d'action gouvernemental
Le programme de mise en oeuvre du projet présidentiel de Nicolas Sarkozy présenté au parlement par François Fillon
"Monsieur le président,
Mesdames et messieurs les députés,
La France sort de six mois de campagne électorale. Elle en sort avec un Président de la République qui dispose d'un mandat clair pour faire entrer notre pays dans le XXIe siècle.
Avec Nicolas Sarkozy, les Français ont pris leur destin en main. En se passionnant pour la campagne, en s'engageant clairement dans leur vote, en exprimant leur confiance en eux-mêmes, ils ont jeté les fondements d'une France nouvelle, d'une France qui, au-delà des partis, a voulu affirmer sa volonté de changement et sa modernité. De ce message nous sommes tous comptables."...
"Mesdames et messieurs les députés, je me fais une haute idée du Parlement.
J'ai siégé sur ces bancs durant plus de vingt ans. J'ai été à votre place suffisamment longtemps pour voir en vous le parlementaire que je fus. Et j'ai suffisamment connu le jeu des alternances pour respecter l'opposition.
En démocratie, le succès des uns ne signifie pas le déni des autres. Chaque Français doit être respecté dans ses convictions et dans ses votes. Je crois à l'écoute, à la synergie des différences et des intelligences. C'est pourquoi l'opposition n'est pas un adversaire, mais un contradicteur nécessaire et, je le souhaite, constructif.
Quant à la majorité, elle est tout à la fois le partenaire et l'aiguillon du Gouvernement. Elle a le droit - et même le devoir - d'assumer sa victoire. Elle doit le faire sans arrogance, mais aussi sans complexe.
La loyauté de la majorité ne saurait étouffer sa créativité.
Comme chacun d'entre vous, j'aime passionnément la France. Comme vous, j'ai observé, au cours de mes mandats successifs, ses faiblesses et ses atouts.
Ses faiblesses sont à l'image d'une vieille et grande puissance qui, depuis trente ans, hésite à repenser ses structures et ses habitudes. Droite et gauche confondues, nous nous sommes efforcés d'ajuster le modèle français, au lieu de le repenser de fond en comble.
J'ai moi-même longtemps privilégié cette approche empirique, avant de constater qu'elle avait atteint ses limites. Aucun gouvernement ne fut aveugle, ni inactif, devant ce diagnostic, mais aucun n'aura réussi à enrayer cette lente spirale qui nous a fait chuter au seizième rang des pays de l'OCDE, en termes de richesse par habitant.
Je vous dois la vérité car elle est au cœur de la rupture.
Nous n'avons pas réussi, faute d'avoir osé rompre avec le cercle vicieux qui consiste à travailler de moins en moins et à s'endetter de plus en plus, afin de combler l'écart croissant entre nos capacités de production et nos ambitions redistributives qui n'ont cessé de s'élargir.
Nous n'avons pas réussi, faute d'être allés au bout des réformes. Par appréhension politique, par hésitation intellectuelle. Ces atermoiements ont provoqué un divorce entre les pouvoirs et les citoyens, qui a été sanctionné par une instabilité électorale et gouvernementale unique en Europe, laquelle a été préjudiciable à toute continuité politique.
Cette continuité, la France en a été privée car nous n'avons pas su trouver le courage et les mots pour expliquer à nos concitoyens qu'une césure historique était à l'œuvre : je veux parler de la mondialisation.
Pendant des siècles, la France, avec quelques rares autres nations, a dominé politiquement et économiquement le monde. Cette puissance sans égale nous a permis de bâtir une civilisation riche et prospère. Désormais, le monde se réveille et prend sa revanche sur l'histoire. Des continents entiers sont en quête de progrès. Leur population est jeune, douée et motivée. Quand nous luttons pour préserver notre héritage, eux se battent pour constituer le leur. Cette nouvelle donne historique, à la fois angoissante et passionnante, exige plus que jamais de la France un sursaut qui n'a que trop tardé.
L'embellie économique et sociale que nous connaissons depuis deux ans - et qui doit beaucoup aux gouvernements de Jean-Pierre Raffarin et de Dominique de Villepin, placés sous l'autorité du Président de la République - est encourageante. Mais elle ne nous dispense pas d'un examen lucide sur les ressorts usés du modèle français.
Malgré cela, l'énergie de notre pays est demeurée vivace, preuve s'il en est du génie de notre peuple. Tout comme vous, j'ai vu durant cette campagne ces Français qui ne baissent pas les bras, qui se battent, ces Français qui innovent et qui lancent des projets.
Nos atouts sont forts : une créativité exceptionnelle, un patrimoine sublime, des travailleurs qualifiés et productifs, des entrepreneurs et des artisans passionnés, des infrastructures publiques de qualité, des pôles d'excellence et une démographie solide. Qui n'a vu, en chaque citoyen, l'envie de se dépasser, de construire, d'aller au bout de ses rêves ? La plus grande force de la France, ce sont les Français eux-mêmes ! Les Français qui, bien souvent, furent plus entreprenants et modernes que ceux qui parlaient en leur nom : les Français avec leurs ambitions, leur courage, leur fierté d'appartenir à un grand peuple.
Tout le sens de l'élection de Nicolas Sarkozy est là : dans cette volonté farouche de notre peuple de se libérer, en rompant avec les pesanteurs, avec le défaitisme et les hésitations du passé. Une telle vitalité doit pouvoir s'exprimer pleinement.
Et pour cela, il faut renouveler notre démocratie politique, moderniser notre démocratie sociale, porter notre excellence intellectuelle et scientifique. En définitive, il faut réécrire notre contrat politique, social et culturel..."
Les commentaires récents