Un homme seul a pu jouer davantage d'argent que la capitalisation boursière de son employeur
Un homme seul doit-t-il pouvoir mettre en échec le système bancaire français ? Le marin que je suis vous répondra modestement que le "système" doit être en mesure de faire face à une erreur humaine, aussi lourde soit-elle, il en va de sa survie et donc de sa crédibilité. Dans le cas évoqué plus loin, le système bancaire a répondu présent et il n'a donc pas failli à son rôle, mais la véritable question sera de savoir si la réponse a été adaptée, et, surtout, si elle a été administrée à temps.
Jérôme Kerviel, un jeune trader de la Société Générale, a été mis en cause par son employeur dans la perte abyssale de près de 5 milliards d'euros annoncée jeudi 24 janvier 2008 par la banque.
Pendant plus d'une année ce jeune trader aurait su déjouer en toute impunité les cinq niveaux de contrôle mis en place par la banque et les autorité de marché. Cette situation lui aurait permis de prendre des positions spéculatives sur plusieurs dizaines de milliards d'euros, et, en tout été de cause de jouer sur une somme supérieure à la capitalisation boursière de la banque qui l'employait. La banque a apuré cette situation en vendant "à la casse", dégageant une perte abyssale - près de 5 milliards d'euros soit le quart du trou immobilier du Crédit Lyonnais - 120 milliards de francs au début des années 1990
Soit ce garçon était particulièrement ingénieux et discret, soit le système de sécurité présentait des failles que personne ne voulait voir. Il n'est pas impossible d'envisager que le problème de sécurité, latent et connu, ait été occulté en attendant de mettre en oeuvre une solution élégante.
Il est également possible que le problème soit venu au grand jour à l'occasion des opérations de rapprochement annoncée au mois de janvier 2007 entre les filiales spécialisées dans les opérations de courtage de la Société Générale (Fimat) et de Calyon (Calyon Financial). Une telle opération implique en effet un passage à la paille de fer des encours, notamment s'il s'agit d'opérations à caractère spéculatif, donc risquées.
Les différentes enquêtes annoncées nous éclaireront peut-être un peu.
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