Le chef de l'Etat français vu par un quotidien de gauche espagnol
"Sarkozy c'est fini" titre le grand quotidien espagnol !
Le décodage de la chute de la côte de popularité de Nicolas Sarkozy :
Les français ont un problème, ils croyaient avoir un "superpresidente", un "hypergoberniante", ils découvrent qu'ils ont à nouveau un président "enfermé", pas dans la maladie comme Pompidou ou Mitterrand, l'indolence comme Chirac, mais dans une maladie plus grave, l'ego qui souffrirait d'une "hypertrophie probablement irréversible"...
http://www.elpais.com/articulo/internacional/Sarkozy/c/est/fini/elpepiint/20080214elpepiint_12/Tes
Traduction en français :http://tchernorevival.wordpress.com/2008/02/23/sarkozy-ce-grand-malade-el-pais/
Sarkozy, ce grand malade (el Pais)
Voici l’article d’El Pais, publié par le Courrier International, censuré par le petit s. A le lire on comprend mieux pourquoi. Comme nous disions étant mômes, “y’a que la vérité qui blesse”…
Les Français ont un problème. Ils croyaient avoir un superprésident, un hyperdirigeant capable de les sortir de la dépression et de la décadence, et voilà qu’ils ont écopé d’un président comme ils en ont déjà connu beaucoup d’autres : à savoir malade, limité, qu’il faut dorloter et protéger tout en s’organisant pour que la France tourne et que le gouvernement et les institutions fassent leur devoir. La situation n’a rien d’inédit : Pompidou et Mitterrand étaient déjà des présidents malades et diminués. Le premier est même mort avant la fin de son mandat. Quant à Chirac, il fut un obstacle paralysant pendant une bonne partie de sa présidence. La maladie dont souffre Sarkozy n’a pas la gravité du cancer de la prostate de Mitterrand, mais elle touche un organe vital s’il en est : l’ego. Celui du président est d’évidence atteint d’une hypertrophie probablement incurable.
Plus on s’approche du 9 mars, date du premier tour des élections municipales, plus la nervosité des candidats du parti présidentiel augmente et plus on redoute les interventions de Sarkozy, susceptibles de faire perdre des voix à l’UMP. Le parti du chef de l’Etat est divisé à cause de tensions qu’il a lui-même créées. Le traitement qu’il a infligé en public aux uns et aux autres, y compris à certains de ses collaborateurs les plus proches, est digne du comportement d’un monarque bilieux et capricieux avec ses laquais. Même son actuelle impopularité est extravagante : elle ne s’explique pas par un train de réformes puisque ces dernières sont encore largement inappliquées. Elle s’explique uniquement par son comportement public.Un triomphe de sultan, seigneur en son sérail
Le trône qu’occupe Nicolas Sarkozy a été imaginé par de Gaulle pour lui permettre d’être le troisième larron d’un monde bipolaire. Le président français voulait être un fier contrepoids occidental dans l’affrontement entre Washington et Moscou. Or Sarkozy, arrière-petit-fils libéral et proaméricain de De Gaulle (après le petit-fils, Chirac, et le fils, Pompidou) [NdT : on ne sait pas où ils ont bien pu aller chercher ça…], s’est installé sur le trône élyséen porté par son ambition personnelle et sa conception égotique de la présidence : il a par le fait encore accru les pouvoirs de la présidence. Et, une fois parvenu à ses fins, il s’est consacré à lui-même, comme un ado narcissique obnubilé par ses sentiments et ses plaisirs. Certes, le pouvoir peut en apporter beaucoup, mais la prudence conseille de ne pas trop en faire étalage. Sarkozy le téméraire fait tout le contraire et se vautre dans l’exhibitionnisme.
C’est sur trois points précis qu’est venu se briser le personnage : l’économie, qui n’a pas enregistré la moindre amélioration depuis son arrivée ; son idéologie plus néocons, voire “théocons” [NdT : encore une accusation idiote], que gaulliste – en témoignent des prises de position sur la laïcité contraires à la culture de la République ; et sa vie privée, étalée dans les médias. En monarque thaumaturge qui par une simple imposition des mains devait augmenter le pouvoir d’achat, il a échoué au point de prononcer la formule maudite qui rompt les sortilèges : “Qu’est-ce que vous attendez de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ?” En monarque philosophe, il a manifesté les plus fortes réserves vis-à-vis des traditions républicaines, en exprimant avec désinvolture son affinité intellectuelle avec le pape. Il n’a pleinement triomphé que dans le rôle de sultan, seigneur en son sérail, paré des atours qui passionnent un certain public – et manifestement aussi ses pairs. Le voilà fasciné par son propre pouvoir de séduction, son goût exquis et sa désinvolture. Mais ce triomphe-là a le don de déprimer beaucoup de Français car il rabaisse la République au niveau de la principauté de Monaco.[NdT : les monégasques apprécieront.]
El Pais étant un journal de gauche, on ne s’étonnera qu’à moitié des accusations, aussi grotesques les unes que les autres, de “néoconservatisme”, voire de “théocratophilie”, d’américanisme et autres ultralibéralophilisme. C’est, après tout, ce que l’on peut lire couramment dans la presse de gauche franchouillarde. Etre décrié par ses adversaires est en politique chose assez fréquente, voire nécessaire. On comprend donc encore moins que ce torchon, qui ne dépasse ni en intelligence ni en pertinence les habituelles saillies socialistes, suscite l’ire du petit rat de l’Elysée.
Sauf que… l’ego hypertrophié du petit s. n’aura pas accepté la première partie de l’article, celle qui tape là où ça lui fait mal, bien au-dessous de la ceinture : il faudra s’en souvenir à l’avenir, on ne parle pas de l’ego du président. Défense absolue de prononcer ce mot sous peine de bastonnade.
Cela n’en est que plus inquiétant pour la liberté de la presse et, plus largement, la liberté d’expression.
Cet article a été publié sur février 23, 2008 à 1:00 et est classé dans Théorie des cordes. Taggé: censure, liberté, presse, sarkozy. Vous pouvez suivre toutes les réponses à cette entrée à travers le RSS 2.0 flux. Vous pouvez laisser une réponse, ou TrackBack en provenance de votre propre site.
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"La régie publicitaire de la RATP, Métrobus, a refusé d'afficher dans le métro une affiche de la Une de Courrier international qui comprenait en titre secondaire "Sarkozy, ce grand malade". "On est dans l'ordre de la censure politique si on ne peut plus critiquer le gouvernement" a déclaré le directeur du magazine."
Sarkozy: Le métro censure la Une de Courrier International - L'Express
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