Laurent Wauquiez tacle les grands constructeurs
Dans un entretien sur RTL avec jean-Michel Apathie, Laurent Wauquiez précise sa position sur la restructuration de l'industrie automobile.
Une charte automobile qui dispose de 50 millions d'euros de subvention a été adoptée au mois de juin 2008.
Objectif : développer des modèles écologiques, accompagner les mutations technologiques, les transferts d'activité
Deux projets majeurs soutenus :
- Bolloré - développement d'un véhicule électrique ;
- Heuliez - développement d'un véhicule électrique
Pas d'accord avec la délocalisation des activités de production vers les pays à bas coût de production. Les grands constructeurs ont une responsabilité sur leur territoire. Il cite notamment Renault qui ne peut pas rayer d'un trait de plume des emplois, et partir ailleurs sans s'occuper de ce qu'il laisse derrière lui...
RTL.fr - Laurent Wauquiez à Jean-Michel Aphatie : "Ni sinistrose, ni satisfaction"
Le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, était l'invité de Jean-Michel Aphatie lundi matin
extrait
"L'inquiétude, aujourd'hui, se concentre autour de l'industrie automobile. C'est évidemment l'un des piliers de l'emploi en France. PSA de son côté, Renault du sien, annoncent des possibles suppressions d'effectifs parce que des modèles se vendent moins. Comment appréciez-vous cette situation spécifique à l'industrie automobile, Laurent Wauquiez ?
L'automobile fait clairement partie des secteurs économiques difficiles sur lequel il faut qu'on soit très vigilant. On n'a pas attendu. Là encore, on a une charte automobile qui a été adoptée dès juin où on injecte 50 millions d'euros sur des mesures très concrètes. Alors, très concrètes, ça veut dire quoi ?
L'Etat injecte 50 millions d'euros ?
Oui, en accompagnement sur des mesures qui sont hyper concrètes de terrain. Prenons des exemples simples. D'abord, l'écologie. L'avenir en matière automobile, c'est essayer de développer des modèles écologiques. Si tant qu'à faire, on peut à la fois faire le bonus écologique et le bonus économique en créant de l'emploi chez nous, c'est mieux. On a, par exemple, une entreprise comme Bolloré qui est en train de développer un véhicule électrique qui devrait avoir ses piles qui seront fabriquées en Bretagne.
Deuxième exemple : une entreprise comme Olliez que certains connaissent qui était une vieille entreprise automobile au bord de la liquidation, est en train de développer un véhicule électrique qui pourrait être utilisé un peu comme Vélib. Là encore avec des possibilités de création d'emploi chez nous.
- La première priorité c'est de les accompagner là-dessus, de faire à la fois mieux pour l'écologie et en même temps de favoriser des modèles qui sont construits en France.
- Le deuxième point c'est d'accompagner les mutations technologiques. Je pense notamment à des entreprises qui sont des sous-traitants où il y a beaucoup de gens qui travaillent aujourd'hui en France.
J'ai, par exemple, eu très récemment chez moi une entreprise de Haute Loire qui employait 100 personnes qui étaient sous-traitant de PSA. Son carnet de commandes était en chute libre. On les a accompagnés pour faire des innovations technologiques et rebondir sur le marché du TGV. Ca a permis aujourd'hui à cette entreprise de repartir et de préserver ses 100 emplois.
C'est ce type d'actions concrètes que je veux essayer porter. Je ne crois pas à un énième plan sur l'emploi qu'on annonce tant pour battant. Je préfère ce type d'actions très concrètes de terrain.
Les actions concrètes sont souvent marginales. Ce qui est en cause là, ce sont les deux principaux constructeurs qui voient leur gamme moins bien adaptée et peut-être dans le marché français, un pouvoir d'achat qui est en réduction, donc des ventes qui sont moins grandes. Et là, vous n'avez pas beaucoup de réponses pour cela.
Pas ce dont on parle. Ce n'est pas marginal. Au total, les emplois comme Bolloré, Olliez, les différents secteurs du sous-traitant, c'est à peu près 20.000 personnes. Ce n'est pas rien en termes d'emploi sur la France.
C'est 20.000 personnes qui ont de l'emploi aujourd'hui ; mais Renault, par exemple, c'est 4.000 emplois qui sont menacés dont 1.000 sur le seul site de Sandouville parce que la Laguna ne se vend pas.
En matière d'emploi, le problème qu'on a toujours eu en France depuis trop longtemps, c'est qu'on est dans une logique qui est une logique défensive. On essaie de préserver des emplois qui sont des emplois qu'on voit partir. Alors que ce que moi je veux essayer de faire, c'est d'aller développer ce que seront les emplois de demain.
Mais pour la responsabilité de Renault que vous soulevez (vous avez raison), il est hors de question de laisser des grands groupes comme Renault qui ont à la fois des moyens, détruire des emplois dans des territoires français sur lesquels on a du mal à reconstruire ces emplois et en plus de ça, aller les transférer dans des pays comme la Roumanie, la Turquie ou la Chine. Donc, ils ont une responsabilité ; et de ce point de vue, on a fort à jouer notamment ce qui s'appelle la reconversion des bassins industriels, c'est-à-dire là où il y a les emplois.
Quand vous dites : "Il est hors de question", c'est presque agressif. Alors, quels actes permettent de soutenir le discours que vous tenez, ce matin, Laurent Wauquiez ? "Il est hors de question que Renault fasse quelque chose" ?
Ce n'est pas agressif mais c'est les mettre clairement en face de leurs responsabilités. Quand vous avez un grand groupe qui du jour au lendemain supprime des emplois, ça crée un traumatisme sur un secteur géographique ; et on ne part pas comme ça en laissant un champ de ruines derrière soi. Donc, en clair, qu'est-ce que ça veut dire ? Ca veut dire qu'on leur fait payer par emploi, un ratio, pour aider derrière à pouvoir faire de la création d'entreprises, faire des prêts à des personnes qui veulent se reconvertir, ou faire de la formation professionnelle.
Ca a été expérimenté, par exemple, dans le bassin de la Loire sur une entreprise comme GIAT Industrie. Ces engagements-là ont permis de faire une reconversion en direction de plateformes téléphoniques, et donc de créer des emplois qui, eux, sont plus les emplois de demain. Donc, c'est cette espèce de bascule qu'il faut faire : faire payer leurs responsabilités aux grands groupes qui doivent assumer ; et de l'autre côté, ne pas chercher à s'enfermer uniquement dans une logique défensive comme ce qu'on a trop souvent fait dans les années 80 mais aller chercher les emplois de demain.
Et aujourd'hui, vous avez le sentiment, Laurent Wauquiez, que ces grands groupes n'assument pas leurs responsabilités ?
J'ai l'impression que s'agissant, par exemple, de groupes tel que Renault, on ne peut pas les laisser juste rayer d'un trait de plume des emplois, et partir ailleurs, sans s'occuper de ce qu'ils laissent derrière eux. Ca, ce n'est pas acceptable."
RTL.fr - Laurent Wauquiez à Jean-Michel Aphatie : "Ni sinistrose, ni satisfaction"
Les commentaires récents