Plaidoyer pour la bonne vieille girouette
Avatar moderne de la girouette qui ne changeait pas d’avis mais d'orientation au gré du vent, le glissement sémantique permet aujourd'hui, non sans dégâts, aux politiques d'expliquer qu'ils n'ont pas dit ce qu'ils ont dit.
Il était un temps où un politique avisé qui savait prendre le sens du vent pour ne pas risquer de se trouver en porte-à-faux avec l’opinion publique et surtout avec l’avis du décideur ultime, changeait d’opinion comme certains peuvent changer de chemise. Ces sages dont la longévité en politique impressionne avaient un argument imparable à opposer à ceux qui les traitaient de girouette incapables d’avoir un avis, c’était que “ce n’est pas la girouette qui bouge, mais le vent qui change”. Il faut reconnaître que cette posture demande de nombreuses qualités, de souplesse d’abord pour pouvoir se réorienter rapidement, en douceur et sans grincer, de perception de la réalité par ailleurs pour percevoir le sens du vent. Et, cerise sur le gâteau, ces braves ont acquis réputation et longévité en appliquant scrupuleusement, sans doute sans le savoir, le “courage fuyons” du professeur Henri Laborit. Ne pas en rajouter ne faisant pas de mal, ils n’insistent pas et le bon peuple se gausse gentiment, sans plus.
Le besoin de changer tout pour que rien ne change se retrouvant de manière régulière dans la plupart des sociétés humaines, la vulgarité simplissime de la girouette peut laisser place au glissement sémantique qui consiste à tenter de démontrer que l’on n’a pas dit ce que l’on a dit
il n’y a pas de semaine qui passe sans que l’une des élites politiques qui saturent l’espace médiatique ne nous en fasse une démonstration intéressante :
Petit florilège de thèmes récemment abordés :
- l’âge de la retraite par Martine Aubry, secrétaire du PS ;
- la double rémunération d’Henri Proglio par Christine Lagarde – Ministre des finances, assistée d’Eric Woerth – secrétaire d‘état au budget ;
- l’élection annoncée de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD par la plupart des Ministres et hiérarques de l’UMP ;
- la multiplication encombrante des auvergnats chers à Brice Hortefeux - Ministre de l’intérieur…
il se trouve que pour la plupart, ces tentatives courageuses se soldent aujourd’hui par un fiasco public dont les protagonistes se seraient sans doute bien passés.
C’est que les temps ont changé et que le café du commerce a changé de dimension avec les nouveaux médias et outils de communication – TNT, internet – réseaux sociaux…. Le citoyen impliqué n’est plus dépendant de l’information que l’on veut bien lui distiller. Il a acquis autonomie, compétences d’analyse, capacité de partager. Les messages sont décodés en temps réel, les analyses diffusées au plus grand nombre, des actions concertées “difficilement maîtrisables organisées.
Mesdames et messieurs les politiques, cessez de prendre les citoyens pour des “imbéciles”, et acceptez tout simplement d’avoir avalé une couleuvre (voire un boa) quand vous devez changer brutalement d’avis et de vous comporter en bonne vieille girouette. Vos électeurs potentiels vous en voudront peut-être un peu moins…
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