A qui profite la fusion EPAD-EPASA
Certainement pas aux premiers intéressés, les habitants des communes du quartier d’affaire
Christophe Grébert, le blogueur putéolien, conseiller municipal Modem de Puteaux qui a mis le feu à la toile sur l’élection annoncée de Jean Sarkozy à la présidence de l’EPAD livre son analyse du projet de fusion EPAD-EPASA.
l’un des enjeux : financer les travaux d’entretien pharaoniques des infrastructures qui sont à la charge d’un EPAD à la gestion opaque et en déficit chronique, le tout dans un retour à un jacobinisme centralisateur revenant sur les “acquits” de près de trente années de décentralisation.
Messieurs les élus en charge de co-piloter les OIN Seine aval, Seine amont, Plateau de Saclay, merci de rester vigilants et d’exercer les pouvoirs qui vous sont concédés par la loi.
C’est ce que viennent de faire les conseils municipaux de Courbevoie, Puteaux qui ont rejeté le projet de fusion EPAD-EPASA.
EPAD : établissement public d’aménagement de la Défense (Puteaux-Courbevoie-Nanterre du parvis au pont de Neuilly) ;
EPASA : établissement public d’aménagement du secteur défense Seine Arche (entre le parvis et Nanterre-la Garenne Colombes).
PS – on pourrait même imaginer l’extension du périmètre à Neuilly-sur-Seine, pour permettre de financer le petit milliard ‘euros correspondant aux travaux d’enfouissement de l’avenue Charles de Gaulle à Neuilly-sur-Seine, projet cher à la sarkozye.
Communication de Christophe Grébert conseiller municipal Modem de Puteaux
Du fait de l'affaire Jean Sarkozy à l'EPAD, depuis 2 semaines, la presse et l’opinion ont le regard braqué vers La Défense et sur nos villes. Jamais, il n’a été autant question de l’EPAD. Ce qui n’aurait pas dû dépasser les frontières de notre département s’est transformé en débat national. Et même en affaire internationalement commentée.
Ce soir, plus de 93.000 personnes ont signé la pétition pour réclamer le retrait de la candidature du fils cadet du chef de l’Etat à une fonction hautement symbolique, celle de la présidence de l’Etablissement responsable de l’aménagement du plus grand quartier d’affaires d’Europe.
Un quartier que l’Etat – dans toute son autorité – entend développer encore. On nous présente aujourd’hui un décret de fusion entre l’EPAD et l’EPASA, mais un autre décret (qui lui ne requiert par l’avis des communes, nous dit-on) prévoit, une fois la fusion faite, l’extension du périmètre de l’opération d’intérêt national vers Nanterre et la Garenne-Colombes.
De 160 hectares, nous allons passer à plus de 770 hectares, sur lesquels l’Etat aura tout autorité pour décider seul de l’aménagement. On va multiplier par 5 le périmètre de La Défense. On nous parle de 2 millions et demi de m2 de bureaux supplémentaires !?
Un véritable « abus de pouvoir » que le groupe des élus MoDem des villes de La Défense dénonce depuis plusieurs mois.
Et pour la première fois, dans un acte politique fort, qui en appellera d’autres, j’en suis certain, nous nous nous sommes associés aux élus communistes, socialistes, gauche démocrate, Verts, républicains et citoyens des communes de Courbevoie, La Garenne Colombes, Nanterre et Puteaux pour dénoncer ce « hold-up » et réclamer le retrait de ces projets de décrets.
Pourquoi nous nous y opposons ? Parce que l’Etat agit comme il y a 50 ans, comme si les lois de décentralisations n’avaient pas été votées : autoritairement, sans contrôle démocratique local, il veut imposer d’en haut, technocratiquement, l’aménagement d’un territoire urbain, où habitent et vivent 200.000 personnes, sans demander l’avis des intéressés, sans se préoccuper prioritairement du bien être de cette population.
Imposer de force la construction de tours de 300 m au pied d’immeubles d’habitation, comme vous l’envisagez à Puteaux, exproprier, surdensifier, donner la priorité aux bureaux et aux logements de très grand standing, là il faudrait remettre de la vie, retisser des liens.
L’Etat dans ce « plan de renouveau de La Défense » veut construire encore et encore, sans même prévoir les transports en commun nécessaires. Ceux qui prennent le tram, le RER ou le métro savent de quoi je parle.
Une course folle pour vendre du droit à construire, afin de combler le déficit structurel d’un quartier de La Défense, qui va dans les années qui viennent coûter très cher aux collectivités, surtout si le projet de suppression de la taxe professionnelle va à son terme.
Plus de charges, moins de revenus : nos villes, qui étaient des « paradis » vont devenir des « enfers fiscaux ».
Le 22 septembre dernier, la commission des finances du Sénat recevait les responsables de l’EPAD. On y apprenait notamment que l'Etablissement public avait provisionné 108 millions d'euros, sur des rentrées à venir, pour financer la remise en état de la dalle de La Défense. On apprenait aussi que les travaux de réaménagement du boulevard circulaire, côté Puteaux, étaient évalués à 150 millions d'euros et que ces travaux étaient aussi conditionnées aux ventes d’immeubles. Où va-t-on trouver cet argent quand le marché de l’immobilier s’écroule ? Qui va payer à l’arrivée ?
Des questions que nous avons maintes fois évoquées dans cette assemblée. De nombreux débats, lors desquels nous vous alertions sur les difficultés à venir. Et où de votre côté, avec votre majorité UMP, vous nous répondiez que « non, tout va bien madame la marquise ». Aucun problème à La Défense et pour l’avenir de notre commune, disiez-vous.
Mais soudainement, vous vous réveillez. Ce projet de décret ne vous convient pas.
Notez bien qu’on ne vous demande qu’un avis. Cela ne vous engage pas à grand chose de dire non cette fois.
Et puis surtout vos arguments nous semblent bien légers.
Par rapport à tout ce que j’ai dit, et je n’ai fait que survoler les problèmes qui se posent ou vont se poser, vous ce qui vous fait tiquer dans ce décret, c’est que Puteaux n’aura qu’un seul représentant au conseil d’administration du nouvel établissement, contre 2 pour Nanterre.
C’est vrai, c’est important. Je suis d’accord avec vous. Mais ne pouvait-on dire que cela ?
Je passe sur l’autre argument : la présence au conseil d’administration d’une personnalité désignée par le premier ministre. Sur quels critères cette personnalité sera choisie, vous interrogez-vous ? J’imagine les mêmes qui ont conduit l’Elysée à pousser la candidature de Jean Sarkozy à l’EPAD ?
Cela fait 2 semaines qu’on nous dit que les places dans les conseils d’administration des établissements publics n’ont pas beaucoup d’importance… Pourtant bizarrement tout le monde les veut !
C’est important. Mais nous sommes bien loin des problèmes qui préoccupent les citoyens !
Vos arguments sont tellement insignifiants, que je me pose la question : faut-il que je m’associe à vous dans cet avis négatif ou faut-il que je m’abstienne ?
Je vais voter comme vous, nous allons voter cet avis défavorable, mais nous vous appelons aussi à ne pas vous contenter de cela !
Si le décret était adopté tel quel, avez-vous l’intention de déposer un recours devant le tribunal administratif ? Et le cas échéant êtes vous prêt à aller jusque devant le Conseil d’Etat ?
Faudrait-il encore que vous vous entendiez entre UMP de nos différentes communes: à Nanterre, les conseillers de votre parti ont voté POUR le décret ! Le même !
Pour notre part, au sein du groupe des élus MoDem des villes de La Défense, nous allons continué à travailler à un projet alternatif .. à celui présenté par le gouvernement et par votre majorité.
Nous appelons de nos voeux une authentique intercommunalité de projet.
La Défense doit devenir un territoire de vie. Raccordons les morceaux décousus qui la constituent. Il faut remettre l’homme au centre, conjuguer talents des affaires, bassin d’emplois, politique équilibrée de l’habitat, transports locaux et régionaux renouvelés, développement durable, culture, savoirs et formations…
Qui peut faire ça ? sinon les élus locaux, associés au monde associatif, avec l’ensemble de la population.
Le MoDem appelle à un grand débat citoyen et à la tenue d'un référendum local dans les 4 communes concernées par ces décrets (à savoir Puteaux, Courbevoie, Nanterre et La Garenne-Colombes).
La Garenne Colombes, où se déroule ce soir une réunion publique sur les projets de La Défense. Une réunion organisée par le Mouvement démocrate.
Bravo pour cet avis déforable. Mais nous attendons de vous et de votre majorité que vous mettiez vos paroles en rapport avec vos actes.
Saisie du tribunal administratif. Conseil d’Etat. Tenue d’un référendum local. D’autres actions sont possibles. Cet avis négatif ne suffit pas.
Christophe Grébert
Conseiller municipal MoDem de Puteaux
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